mercredi 3 février 2010

S'incliner comme un crack


"Dans chaque film de Cassavetes, il y a un truc piège qui vous laisse sur le carreau, il y en a même dix, vingt, ce qui explique que toute personne humaine a eu un coup de cœur pour Cassavetes.
D’abord, on l’aime parce que c’est un perdant. Gena Rowlands, Ben Gazzara en patron de boîte de nuit (The killing of a chinese Bookie), ils savent juste perdre avec classe. Ici-bas faut être drôlement salaud pour ne pas perdre un jour ou l’autre la partie décisive. Cassavetes, il s’incline comme un crack, comme un as, c’est un peu le plus grand jour de sa vie (Brando pareil en amoché, Welles pareil en trahi). Ils ont tous perdu leur mise au jeu du cinéma. Cassavetes, il se fait beau pour le coup, il en rajoute dans l’élégance, on se dit il est mort avec le sourire ce bandit, en emportant son secret, celui du bookmaker chinois, le grand détachement.
On peut donc organiser de gigantesques scènes de ménage, voyager avec ses amis, défier des gangsters, qu’importe, si on n’est pas tout à fait là, on ne se fait jamais vraiment coincer.
Lui, le beau ténébreux nerveux, c’était l’as du détachement."
Michel Butel, Détachement
Regards sur Cassavetes, Supplément d'âme hors série numéro un

John Cassavetes filmait des personnes humaines. Il est mort le 3 février 1989 des suites d'une cirrhose.

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